L'homme démoli de Alfred Bester
Alfred Bester (1913-1987) a toujours pratiqué la S.-F. comme un violon d'Ingres, en marge de ses activités de scénariste pour la bande dessinée, la radio, la télévision, et de chroniqueur pour divers grands magazines américains. C'est peut-être pour cette raison qu'il a profondément marqué le genre en dépit d'une oeuvre relativement restreinte: deux recueils de nouvelles et quatre romans.
On n'arrête pas le progrès: aujourd'hui, les flics sont télépathes. Impossible de commettre le moindre délit: le sentiment de culpabilité du délinquant, battant comme un tambour dans le réseau mental des extrapers, amène bien souvent les policiers sur les lieux du crime avant même que celui-ci soit perpétré. Pour le cynique Ben Reich, cela ne fait que rendre le jeu plus excitant. Maîtrisant son subconscient, il parvient à commettre un meurtre et prend un malin plaisir à passer et repasser impunément entre les mailles du filet télépathique. C'est du moins ce qu’il croit. Car l'inconscient a ses propres lois et ses propres détours pour mener à la démolition.